Alors que le mandat arrive à son terme, TE38 souhaite mettre en lumière celles et ceux qui, au quotidien, ont incarné l’action du syndicat auprès des communes : les délégué·es de territoire. À travers une série de témoignages, nous donnons la parole à ces élus qui ont accepté de revenir, en toute sincérité, sur leur expérience : ce qu’ils ont appris, aimé, découvert, ou ce qu’ils auraient aimé vivre différemment. Un retour précieux, à la fois pour faire le bilan d’un mandat riche, et pour inspirer les futurs délégués.

Premier éclairage avec Marylin Arndt, déléguée TE38 et membre du bureau syndical, qui partage avec nous son parcours atypique, sa curiosité pour les questions énergétiques, et son regard engagé sur la place des femmes dans les instances locales de décision liées à l’énergie.
Pourquoi avez-vous souhaité devenir déléguée TE38 ?
C’est arrivé un peu par hasard. Je suis à la retraite depuis 2017, après une carrière dans les télécoms, d’abord dans les réseaux et terminaux mobiles, puis dans les composants électroniques à l’origine du développement des smartphones. Je n’ai jamais évolué dans le monde politique : je viens du milieu technique et de la recherche.
Le jour de mon départ à la retraite, le maire sortant de ma commune, René Gautheron, m’a proposé de m’engager et de rejoindre la liste de Thierry Ferotin. J’ai accepté, par curiosité, et aussi parce que les femmes étaient encore peu représentées. C’est ensuite le nouveau Maire qui m’a encouragée à m’investir dans le domaine de l’énergie. En devenant déléguée territoriale pour la communauté de communes Le Grésivaudan, j’ai aussi intégré le bureau de TE38, ce qui permet de participer activement aux décisions et orientations du syndicat.
Comment avez-vous vécu ce rôle ? Était-ce un défi, une surprise, une réussite ?
Cela a d’abord été un défi : il a fallu mettre à jour mes connaissances sur les acteurs de l’énergie et la réglementation française. Défi relevé et ce, en pleine période de crise sanitaire ! Durant le Covid, l’activité du syndicat s’est entièrement réorganisée autour de webinaires et de réunions à distance, ce qui m’a permis de suivre de près les enjeux, tout en retrouvant des interlocuteurs que j’avais côtoyés durant plus de 15 ans à la Commission européenne, à l’époque des premières propositions de dérégulation et d’ouverture à la concurrence.
Ce mandat a répondu à mon envie de mieux comprendre, de l’intérieur, un secteur que je connaissais déjà techniquement : celui de l’énergie. Lors de la dernière partie de ma carrière, j’avais notamment travaillé sur la standardisation de technologies telles que les compteurs communicants, puis sur les réseaux intelligents – les fameux smart grids. Être déléguée TE38 m’a permis d’approfondir ces connaissances, mais aussi d’aborder les enjeux économiques devenus aujourd’hui cruciaux, dans un contexte de tensions géopolitiques et de dérèglement climatique.
Qu’avez-vous découvert grâce à ce mandat ?
Ce mandat m’a permis de découvrir l’aspect concret et opérationnel de la mise en œuvre des réseaux énergétiques. Jusque-là, j’abordais ces sujets sous un angle plus théorique, tourné vers l’innovation et la recherche. Avec TE38, on entre dans le réel : installation de bornes de recharge, déploiement de réseaux d’électricité et de gaz, gestion de l’éclairage public… Et comme souvent, c’est dans la phase de mise en œuvre que surgissent les véritables défis. J’ai également appris que le syndicat joue un rôle important d’acheteur d’énergie pour les collectivités, leur permettant d’accéder à des tarifs plus compétitifs grâce à des volumes mutualisés, un avantage précieux, en particulier pour les petites et moyennes communes.
Être délégué·e, c’est avant tout servir sa commune à travers ses projets énergétiques. Cela passe notamment par le suivi des missions en délégation de service public confiées à TE38. Ce travail de contrôle peut sembler technique ou peu visible, mais il est essentiel : il garantit la qualité des services rendus et renforce l’efficacité du syndicat sur le terrain
Un moment fort ?
Ma première visite d’un méthaniseur, une centrale de production de biogaz issue du traitement de déchets biologiques, notamment le compost et les déjections animales. C’était passionnant, d’autant plus que le maire nous avait parlé longuement des enjeux politiques liés à ce projet et des mouvements d’opposition de certaines parties de la population. J’ai ensuite participé à plusieurs visites de ce type, ainsi que de centrales solaires. Aujourd’hui, je suis également membre du conseil d’administration d’Energisère, ce qui me permet de m’impliquer davantage sur ces questions, notamment autour du solaire, de l’éolien et surtout du stockage, qui est un enjeu majeur.
Par ailleurs, une activité plus exceptionnelle m’a été confiée en début de mandat par le président M. Lachat : représenter TE38 au sein du pôle de compétitivité Tenerrdis, une structure régionale dédiée à la recherche, au développement industriel et à la coopération sur les questions d’énergie. Cette participation m’a permis de rencontrer des industriels, startups, centres de formation et collectivités régionales autour de projets innovants dans les énergies renouvelables, les services énergétiques et les modèles économiques associés. Même si cette activité ne relève pas strictement du rôle d’un syndicat, elle permet à TE38 et à la SEM Energ’Isère de gagner en visibilité, et de se positionner comme un acteur référent dans l’écosystème régional et européen de l’énergie.
Un conseil ?
Je recommande ce rôle, particulièrement aux femmes. Dans les équipes de TE38, il y a un vrai effort de parité, mais dans les délégations, on retrouve encore majoritairement des hommes. Pourtant, les femmes ont toute leur place dans ces discussions. Même sans expertise préalable, avec de la curiosité, on peut beaucoup apprendre. Comprendre les enjeux de l’énergie est aujourd’hui essentiel, tant au niveau local que national. C’est un sujet technique, mais pas inaccessible. Avec un peu de méthode, on s’y retrouve vite.
Selon vous, quels aspects pourraient être améliorés pour les délégués ?
Il serait utile en début de mandat de proposer des formations courtes thématiques, d’environ 1h30 à 2h, pour comprendre les bases : vocabulaire, acteurs clés, différences entre les filières énergétiques (électricité, gaz, renouvelables…). Les élus de petites communes ont beaucoup à gérer et peu de temps pour se former, alors ce type de sessions ciblées serait très bénéfique.

UN ENGAGEMENT UTILE, À HAUTEUR DE TERRITOIRE
À travers son témoignage, Marylin Arndt rappelle combien le rôle de délégué·e TE38 est à la fois une mission de proximité et une fenêtre ouverte sur les grands enjeux énergétiques de demain. C’est aussi une fonction accessible à toutes et tous, pour peu que la curiosité et l’envie de s’engager soient au rendez-vous.